Voyage en terre birmane (Myanmar / Burma)

Extraits d'un voyage en terres birmanes, clins d’œils non représentatifs entre paysages intemporels et cultures. Pour retrouver l'ensemble des photos prises en Birmanie, visitez l’album complet avec, notamment, des images de la cité archéologique bouddhique de Bagan.

Birmanie / Myanmar

  • Yangon (Kandawgyi lake, Swedagon)
  • Inle Lake (Nyaung Shwe, Maing Thauk, Amapura)
  • From Kalaw to Pindaya
  • Mandalay (Mingun, Mahamuni, Amapura, Nat Pwe in Taungbyone)
  • Bagan
  • Pyay (Prome)
  • Yangon

Yangoon

Yangoon est une ville qui ne se laisse pas apprivoiser facilement. Il y fait chaud et le fleuve, qui trouve son delta non loin, apporte son lot d'humidité. La ville semble littéralement à l'abandon : les vieux immeubles coloniaux en ruines côtoient les façades couvertes par une végétation mêlant mousses et herbes. Curieux ces mûrs végétaux naturels ! Les trottoirs quand ils ne sont pas défoncés sont, soit boueux, soit le lieu d'une activité marchande foisonnante où on trouve de petits objets d'appoints (fruits, sacs, bétel à chiquer, offrandes pour les pagodes...) et de belles marmites fumantes. Les odeurs de fritures sont fortes et prenantes, et la ville n'est pas très belle. Pourtant, lorsqu'on gratte un peu derrière cette façade, au détour d'un chemin de promenade au bord du lac Kandawgyi ou lors de la visite de la magnifique pagode d'or de Swedagon, le contact avec les Birmans est des plus chaleureux : on ne compte plus les poignées de main ou les échanges furtifs de quelques mots toujours accompagnés d'un sourire franc. Autre curiosité qui ne trouvera pas de réponse dans cette immédiateté : la modernité semble fleurir ici aussi en des lieux que le paysage urbain qui entoure le voyageur ne laisse pas soupçonner. Déjà, des boutiques Samsung fraîchement sorties du sol peuplent les coins de rues et leurs téléphones sont accrochés à toutes les mains. Également, les grosses cylindrées rutilantes parcourent les rues, en nombre.

Exemple d'un immeuble type à Rangon

Un immeuble type à Rangon est de six à sept étages, avec une base peu large et une profondeur assez grande. Le rez-de-chaussée est légèrement surélevé pour éviter que l'eau des pluies de la mousson ne rentre, et est dédié au commerce de proximité. On y trouve de tout : des vendeurs de boulons, des ferrailleurs, ..., et les inévitables vendeurs de tongs et de parapluies, les deux accessoires que tout le monde porte ici lors de la saison des pluies. Également, et c'est un élément essentiel de cet immeuble type, une ficelle pendouille accrochée au six ou septième étage avec à ses extrémités : en haut des cloches et en bas un petit sac ou une pince. Ce dispositif permet aux familles habitant aux derniers étages d'appeler d'en bas celui resté en haut : on tire sur la corde, ça sonne, on accroche et les denrées légères achetées à proximité peuvent être remontées. Astucieux, même si, comme les immeubles sont peu larges, les piétons sont contraints à un slalom pas toujours évidents.

Le lac Inle : un lac, mais pas que

Quelques jours autour du lac Inle, avec ses eaux calmes et son air frais, permettent de découvrir les Intha et leur mode de vie original. Ici, il y a un lac, le lac Inle, logé aux creux des basses montagnes de l'Est birman, à environ 900 m d'altitude. L'activité des villages entourant le lac se déroule essentiellement sur ses eaux : on va à l'école en pirogue "bus", on apporte les récoltes sur les marchés ou on va à la Poste en pirogue, on va chez son voisin en barque. Les Intha ont immigré ici alors que les terres étaient déjà occupées. Ils se sont donc installés sur le lac. Ils construisirent des villages aux maisons sur pilotis et inventèrent les cultures flottantes : un fragile équilibre entre des jacinthes flottantes et tressées entre elles par bandes, et quelques centimètres de limon sur lequel poussent les différentes cultures.L'ensemble de la structure peut atteindre plusieurs centaines de mètres carrés et est arrimé au fond du lac - peu profond - par des bambous plantés tous les 5 à 6 mètres. Ce système de culture recouvre maintenant une surface importante des eaux du lac et est traversé par une série de canaux qui relient les villages flottants et autres lieux de vie collective (pagodes, monastères...). Suivant la saison le lac Inle approvisionne une grande partie des marchés birmans en tomates.
Inle Lake, MyanmarBoats in the village of Nampan, Inle Lake, Myanmar.

De Kalaw à Pindaya : des paysages sortis des temps anciens

Au départ de Kalaw, les orangers et citronniers se disputent les parcelles cultivées quand les manguiers sauvages colonisent le bord des chemins. Ici vivent les Palaungs . Plus haut, la végétation tropicale fait place à de nombreux champs de thé. Lorsque la marche ne s'effectue pas à travers champs, les chemins sont creusés par les charrues tirées par les zébus et ravinés par la pluie. Ces "routes" à charrettes forment un réseau complexe de chemins permettant de rejoindre chacun des parcelles. Parfois, lorsqu'elles se rencontrent, il se forme une véritable autoroute mais où chaque voie creusée par les roues en bois conserve sa propre trajectoire dans une suite impressionnante de bosses et de creux.
Itinéraire effectué entre kalaw et Pindaya
Après trois jours de marche à travers champs, sur la route de Kalaw à Pindaya, trois points marquants apparaissent :
  • Il y a un morcellement extrême des parcelles qui présente aux marcheurs une véritable mosaïque de plantations aux couleurs variées.
  • Le travail de la terre est encore ici "Tout Manuel". Au-delà de la place de l'animal (bœufs et zébus) auquel on confie les tâches les plus besogneuses (labour, tracter les charrues pour le transport...), c'est la minutie avec laquelle sont cultivés les champs qui étonne : tout est précis et semble à sa place. Le corolaire est que nous croissons des dizaines de travailleurs des champs, venus des villages voisins et souvent très jeunes, qui rendent ces terres finalement assez peuplées.
  • Suivant un étagement assez classique, car entre 900 et 1300 mètres d'altitude il fait assez frais, on trouve en haut de la pinède et des châtaigneraies à l'état sauvage, et plus bas les nombreuses cultures. Les rizières inondées s'étalent au fond des valons (pratique pour l'irrigation), puis on trouve : pomme de terre, citronniers, gingembre, oignons, cacahouètes, poivrons, tomates, choux et choux fleur, maïs, haricots et aubergines... Certaines de ces plantations constituent des repères connus, les paysages qui se dessinées semblent finalement assez proches de ceux que nous pouvons rencontrer en France. Le morcellement et le travail manuel donnent forme à l'image d'Epinal que nous avons de nos campagnes du début du 20ème siècle, figée, ici.
Farm work, from Kalaw to Pindaya, MyanmarManual farm work in fields between Kalaw and Pindaya, Myanmar.

Les Nat Pwe : l’exemple de Taungbyone

Les Nat Pwe sont de grandes fêtes populaires de Birmanie, lue comme étant "transitionnelle", qui se tiennent dans des villages : ici il s'agit de TaungByone, une des plus importantes. La célébration est en l'honneur d'un esprit (Nat Pwe) qui change en fonction du village. Si l'intégration de ces fêtes animistes au sein du bouddhisme birman fait débat, trente-sept Nat (esprits) sont célébrés dans plusieurs lieux du pays.A TaungByone, il s'agit des esprits de deux frères protégeant la ville. Forts et admirés, ces frères avaient fait des envieux parmi les ministres qui, en retour, leurs ont tendu un piège. Alors qu'ils avaient comme mission de protéger une pagode, deux carreaux furent cassés pendant que les deux frères étaient en train de festoyer. Face a un tel manquement le roi les condamna a mort. Leurs esprits errèrent dans en ville jusqu'à ce qu'ils aient le droit de la protéger. Depuis, tous les ans, une Nat Pwe est organisée. Le principe est simple : un orchestre, essentiellement composé de tambour et d'une voix, scande un rythme qui s'accélère, pendant qu'un médium (chaman ?), le Nat Kadaw, danse jusqu'à ce que l'esprit du Nat le possède. A TaungByone le Nat Kadaw est un lady boy. L'esprit peut également habiter quelqu'un du public, qui se met alors à danser.
Shaman (Nat Kadaw) praying to Nat spirits, Nat Pwe in Taungbyone, Myanmar
La Nat Pwe s'organise en trois parties qui prennent place dans la ville de manière bien différente :
  • le temple central où on vient avec un bouquet de fleurs qui doit toucher l'hôtel et qu'on ramène ensuite chez soit;
  • les nombreux espaces de danse ou les Nat se manifestent;
  • tous les autres espaces intermédiaires où une grande fête foraine prend place, avec ses confiseries et autres échoppes ainsi que ses attractions (et sa grande roue, pas si grande, actionnée manuellement par le poids des corps de jeunes birmans qui s'y accrochent afin de faire contrepoids).
Au-delà de la quantité impressionnante de visiteurs qui se pressent pour ces Nat, il est vraiment fascinant d’observer un rite avoir encore autant de consistance, alors même qu'il cohabite avec d'autres dimensions à priori éloignées et plus proches des moments collectifs que nous connaissons (avec par exemple les fêtes foraines).
Big wheel in the Nat Pwe in Taungbyone, Myanmar

Toutes les photos de l'album : Myanmar

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